Historique

De 1925 à 2002 par André Ezratti

Le Club d’Echecs de Metz fut créé le 13 juin 1925. On peut déplorer hélas qu’il ne reste de nos jours aucune trace juridique de cette création ni des années qui suivirent, les archives les plus anciennes du club ayant été détruites par une inondation de la salle des archives du Tribunal d’Instance de Metz dans les années cinquante.

Tout ce qui est relaté ci-après ressort donc essentiellement des articles de presse précautionneusement conservés par Jean-Paul LAMPE, André EZRATTI et Christian ALEXANDER. Les rectifications d’Ivan COLLIN et de John TRAFFORD, les souvenirs de Gérard RYNICK et d’André EZRATTI ont complété ce panorama du XXème siècle du Club d’Echecs Metz Fischer, alias Cercle d’Echecs de Metz.

Il faut attendre 1936 pour que le Club d’Echecs de Metz (CEM) soit pour la première fois Champion de Lorraine, en division « Honneur » [1].

En 1939, son palmarès s’étoffe et atteint même déjà son zénith : Champion de Moselle, Vainqueur de la Ligue de Moselle Est, Champion de l’Est, Champion régional du Grand Est. Enfin, le 23 juillet 1939, il remporte à Dijon et contre Lyon son titre le plus prestigieux – et ce toujours à ce jour – la première Coupe de France, par un score de 3 à 1. Les vainqueurs portent les noms de FRENTZ (1), BECKER (½), WEINMANN (1), BELINOWSKI (½). Gaston LECAT préside alors le club, Monsieur MANDEL en est le Vice-président. Il fut convenu que la Coupe de France devait être officiellement remise deux mois plus tard… soit environ vingt jours après la déclaration de guerre ! Vu les circonstances, Metz ne l’a évidemment jamais reçue.

Suite à l’inondation du Palais de Justice, de nouveaux statuts sont rédigés en 1953.

Il faut attendre 1965 pour que le club reprenne vie. Le CEM engage deux équipes au Tournoi des Quatre Nations (Belgique, Luxembourg, Allemagne, France). Il compte vingt membres.

L’année suivante, Monsieur BECKER, Président, qui est nommé Président Honoraire, cède sa place à Simon KNECHT qui ne la quittera qu’en 1982. Avec la présidence KNECHT, administrateur bancaire, et la vice-présidence FANCE, aussi administrateur, et déjà André EZRATTI, commerçant du textile, comme Trésorier, le club entre à « l’école du commerce ». A Metz, le club occupe le sous-sol du Café des Arts, une ancienne brasserie de la rue Gambetta. Les joueurs peuvent s’y retrouver chaque jour à partir de 15 heures. Le champion d’alors s’appelle Georges KREMER, qui sort classé du Championnat de France 1966, en catégorie « accession ».

La « Coupe de Metz » est créée en 1971. On procède à des échanges avec la ville jumelle anglaise de GLOUCESTER. On recense 29 licenciés.

En 1972, la Fédération Française compte 7 000 membres, dont 1 000 Lorrains ! L’événement de l’année est le Championnat du Monde, opposant l’Américain Robert James FISCHER, dit « Bobby » FISCHER, et le Russe Boris SPASSKY, qui prendra quelques années plus tard, après son échec pour conserver la couronne aux Russes, la nationalité française. La victoire de Robert « Bobby » FISCHER est retentissante : il met fin à 45 années d’hégémonie sans partage de l’URSS sur les échecs mondiaux. A Metz, le Café des Arts de la rue Gambetta, rénové en 1971, dispose d’une vaste salle aménageable pour recevoir les compétitions. C’est là que Georges « Spassky » KREMER, lequel est une nouvelle fois sélectionné pour le Championnat de France, et André « FISCHER » EZRATTI rejouent pendant cinquante-trois jours les parties des deux géants mondiaux en léger différé. Ceci attire de nombreux Messins au café où le CEM ne ménage pas sa peine. Notamment le petit Ivan COLLIN, 7 ans, qu’André EZRATTTI repérera et dont on retrouvera plus tard la trace. Les adhésions affluent : + 50% : le club passe à 52 licenciés. Le club intervient à l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Metz (ENIM) pour une démonstration. La carte de l’Amicale des élèves de l’ENIM ouvre les portes du club. De cette période heureuse, le club prendra en 1984, sous la présidence de Jean-Paul LAMPE le nom de « Cercle d’Echecs Metz Bobby Fischer ». 1972 est aussi l’année de Bernard KIRSCH, qui émerge et connaît un parcours exceptionnel : présent au tournoi international de Stockholm, il remporte deux victoires sur six rencontres et accroche sérieusement.. le Champion du Monde junior !

En 1973, John TRAFFORD, Champion de Metz, est opposé à vingt-cinq joueurs dans le hall du Républicain Lorrain. Il totalise 17 victoires, sept nulles et une défaite. Le club intervient à la Maison de la Culture et des Loisirs Saint-Marcel et au Lycée Fabert. M. FANCE réussit le doublé Coupe-Championnat. L’équipe TRAFFORD, KIRSCH, FANCE et EZRATTI s’impose magistralement dans le Grand Est avant d’échouer dans sa course au titre devant le Nord, avec lequel ils font jeu presque égal.

En 1974, Monsieur GARYGA devient Champion de Lorraine et représente très honorablement le club en Coupe de France en individuel. Le CEM est une nouvelle fois finaliste du Championnat de France, en inter ligues. Monsieur FANCE, après 30 ans d’interruption dû à un grave accident, cumule la Coupe et le Championnat de Metz. Ivan COLLIN, futur prodige lorrain, arrive enfin au club. Le CEM assure une mixité entre talents aguerris et espoirs fougueux. Le vivier est impressionnant : André EZRATTI, Bernard KIRSCH, John TRAFFORD, Christian ALEXANDER, Simon KNECHT, Messieurs FANCE, WUEST, SCHILTZ, VELTZ. De fait, l’équipe première enlève le titre de Champions de Lorraine par équipe de 8. La réputation sort du club : Monsieur Alain WETZEL, entrepreneur réputé, vint grossir le rang des administrateurs « commerçants » du club.

En 1975, on rompt la tradition : l’Assemblée Générale se tient au Café Gambetta, le Café des Arts étant en réfection. Les soixante membres n’oublient pas de fêter le cinquantenaire du club : un tournoi réunit en juin et juillet des équipes belges, luxembourgeoises, allemandes et françaises. Les cours se tiennent momentanément au-dessus du Café Gambetta, entrée rue Foch, tous les mercredis. Les jeunes continuent d’être accueillis à la MJC Metz–centre de Saint-Marcel. Christian ALEXANDER réalise le premier triplé du club : Champion de Metz, Coupe de Metz, Champion de blitz de Metz.

En 1976, Bernard KIRSCH, 22 ans, devient Champion de Lorraine « Excellence », Messieurs LERICH et EZRATTI sont Champions de Lorraine « Honneur », et l’équipe première finit Championne de Lorraine « Honneur », ce qui n’était plus arrivé depuis 40 ans tout juste. Fort de ses victoires, le club décide de créer « l’Open international de Metz » pour attirer des vedettes de l’échiquier : on y croisera bientôt le Maître international polonais Krystof PYTEL, Jean HEBERT, Maître international et Champion du Canada, Roy DIECKS, Champion de Hollande, ou encore en 1980, le Grand Maître international yougoslave CIRIC, une « star » classée dans le TOP 50 mondial de l’époque.

1977 : le 1er Open international de Metz rassemble 76 joueurs. Pendant plusieurs années, c’est à l’Hermitage de Moulins-lès-Metz que se tiendra l’épreuve qui, dotée d’un prix substantiel grâce à des complicités bancaires, atteint d’entrée une renommée internationale. Le CEM est Champion de Lorraine par équipe de 4 en « honneur », Champion de Lorraine de 1ère division. L’équipe 1ère (KIRSCH, SCHROT, BANDINELLI, POLO) est présente en division « excellence », la plus haute division alors.

En 1978, le CEM, vice-champion de Lorraine « honneur » par équipe de 4, se rachète en devenant Champion de Lorraine par équipe de 8. John TRAFFORD remporte le tournoi de Metz. Le 22 septembre 1978, le CEM, qui compte toujours soixante adeptes, quitte définitivement le Café des Arts pour s’installer provisoirement à l’Hôtel Frantel, place Saint-Thiébault. Alors qu’est créée l’école d’échecs à Metz-Saint-Marcel, les jeunes espoirs montrent que déjà la relève est en marche : Patrick POLO, 14 ans, flirte avec le titre de Maître national, Eric DAVID, 16 ans, joue en « Honneur adultes » et Ivan COLLIN, 13 ans, en « promotion adultes ». Le nombre de jeunes adhérents grimpe cette année là de six à vingt-quatre. Cette recrudescence s’accompagne d’une inflation d’administrateurs pour satisfaire la gestion du club: Président, Simon KNECHT, Vice-présidents : Messieurs FANCE et GROSMANGIN, Secrétaire Général : René HOUILLON, Secrétaire Général adjoint : André HOUILLON, Trésorier et responsable des tournois : André EZRATTI, responsable « jeunes » Messieurs KIEFFER, KIRSCH, BARLIER, GOZILLON, ESCH, POLO, LE HALLE, Assesseurs : Messieurs JACOB et LELLI, soit 15 membres élus. L’équipe est ainsi a priori constituée pour durer, le renouvellement s’opérant annuellement par tiers.

En France, l’épicentre des échecs se déplace en Alsace, Strasbourg remportant le titre de Champion de France qu’il ne quittera pas pendant six années d’affilée, avant de le perdre à cause de .. Metz !

En 1979, on recense cinquante membres. L’équipe 2 du club (FANCE, EZRATTI, JASKULA, KNECHT) finit première en « honneur » et accède aussi à l’ « excellence » ou évolue déjà l’équipe 1. L’équipe 3 finit 3ème. La richesse de talents commande l’excellence des résultats.

En 1980, la cité de METZ se décide enfin à récompenser le club : Messieurs André MOROT et Patrick GOZILLON reçoivent la médaille de la ville. Il est vrai que le CEM rapporte à nouveau place d’Armes les titres de Champion de Lorraine « Excellence », Champion de Lorraine « Honneur », Champion de Lorraine « promotion », Champion de Lorraine par équipe de huit joueurs, ainsi qu’un titre de Champion individuel de Lorraine « Honneur ».

Entre 1978 et 1982, Jean-Paul LAMPE, journaliste-reporter et membre du club, rend compte régulièrement et fidèlement des évènements sportifs du club dans les colonnes du Républicain Lorrain, en alternance avec une autre grande plume historique du RL, Richard BANCE.

Avec 65 adhérents, le CEM est en 1981 le premier club lorrain. Il finit 2ème de Nationale 2 après l’équipe 2 de Strasbourg et enlève encore deux titres individuels de Champion de Lorraine avec Patrick POLO et le cadet Ivan COLLIN, Médaille d’Or des « moins de 20 ans », ainsi qu’un titre de Champion académique chez les scolaires.

L’équipe dirigeante d’avril 1981, dernière de « l’ère des commerçants », comprend quatorze membres, dont des jeunes à qui échoit le poste de Trésorier qu’occupera Gérard RYNICK, futur Président.

En janvier 1982, une crise éclate. Le club connaît un accroissement significatif des effectifs (82 membres) qui relance la question d’un nouveau transfert du siège social. On prévoit de s’implanter à la MJC de Metz-Plantières, tout en conservant un lieu de rencontre sympathique, le Café de la République, 60 rue de la Chapelle à Metz-Sablon. La crise surgit, pourtant dans un contexte qui euphorise alors les troupes : l’équipe première vient de remporter le Championnat de Lorraine, Wilfried SCHROT revient avec une sixième place du Championnat de France individuel, on gagne de multiples coupes et prix. Cependant, face à ces succès désormais récurrents, l’intendance s’est distendue et un différend de procédure quant à l’engagement des dépenses intervient en cours de l’Assemblée générale de janvier 1982. Il met aux prises le Trésorier, Gérard RYNICK, et le Président Simon KNECHT. Ce différend matérialise physiquement la querelle jusqu’alors latente des « jeunes » contre les « anciens ». L’élection à la Présidence tourne à l’affrontement entre les deux écoles. Les candidats KNECHT et RYNICK, qui s’opposent sur la nature des pouvoirs de la présidence, obtiennent l’égalité de voix. Il ne semble donc ne pas y avoir d’issue par la voie des urnes. Seule une candidature providentielle permettrait de sauver le club déchiré, mais condamnerait de facto Simon KNECHT à n’être pas reconduit.

La présidence échoit ainsi presque accidentellement à André EZRATTI, qui se propose comme voie de recours pour trancher le nœud gordien que les urnes n’arrivent pas à dénouer. L’inoxydable Simon KNECHT, à peine nommé Président Honoraire, provoque alors la scission historique : il se lève en pleine Assemblée Générale, part… puis crée ultérieurement, hors les murs du CEM, le club Alekhine. Commerçant jusqu’au bout, il emporte avec lui l’ « Open international de Metz », compétition devenue prestigieuse et, dès lors, source intéressante de recettes.

Avec le départ de figures historiques du club originel, on pourrait croire ce dernier défait. André EZRATTI, dirigeant d’entreprise, a aussi occupé tous les postes à responsabilité du club : Trésorier, Secrétaire. Le voilà Président. Son expérience confortable d’administrateur le guide, pendant une brève présidence de six mois, pour réécrire de nouveaux statuts afin de se prévenir de tout nouvel esclandre. Il recompose intelligemment, assisté de Christian ALEXANDER, une équipe messine d’excellent niveau. Tous deux remportent consécutivement les titres de Champions de Lorraine ou de Moselle.

Cependant, ailleurs en France, le niveau monte : la Fédération regroupe plus de cinq cents clubs, la barre des 20 000 membres est franchie. Or, METZ qui a vu partir une partie de son élite à « Alekhine », n’est plus à son plus haut niveau. La période est instable : André EZRATTI, déçu de ne pas pouvoir réunifier le CEM avec « Alekhine », doit prioritairement se consacrer à son entreprise familiale. Il est gratifié du titre de Président Honoraire. Patrick GOZILLON lui succède en octobre 1982. L’équipe dirigeante comprend vingt administrateurs, soit plus de 30% des effectifs. Le siège déménage à la MJC de Plantières.

En 1982, malgré la crise et la perte d’adhérents, dont des joueurs d’élite, qui s’en suivit, le club est cependant Champion de Lorraine et Vice-champion chez les jeunes. Le jeune Ivan COLLIN, resté fidèle au CEM, gagne brillamment en 1983 le titre de Champion de France junior. Il s’empare du titre suprême de Champion de France inter ligues après avoir été vainqueur du tournoi international d’Arlon, et pris le titre de Champion de Lorraine « adultes » et « junior » ! Il restera au plus haut niveau pendant dix ans, jusqu’à son départ de Metz pour raison professionnelle. Pendant son ère de gloire, il est accompagné par deux autres joueurs brillants, John TRAFFORD et le plus fidèle d’entre tous, Bernard KIRSCH, toujours affilié au club en 2016 malgré son départ définitif pour Paris quelques années plus tard. Ces deux là se partageront alternativement pendant quelques années les titres de Champions de Lorraine. Ils constitueront le cœur d’une équipe forte et solidaire, qui s’installera en 1984 durablement en Nationale 1, alors le plus haut niveau de la compétition interclubs.

En mai 1984, on recense 65 joueurs : le club est à la 21ème place en nombre d’adhérents.
Il se crée le Comité de Moselle des Echecs, présidé par Monsieur FORMERY, Vice-président de la Ligue Lorraine des Echecs. Le club disposera régulièrement en son sein de sièges d’administrateurs.

Sur proposition du Vice-président Jean-Paul LAMPE, la dénomination du club change en mai. Le CEM est mort, vive le « Cercle d’Echecs de METZ Bobby FISCHER ».

Gérard RYNICK succède à Patrick GOZILLON. Avec Bernard KIRSCH, Capitaine d’équipe, il parviendra à maintenir le club à haut niveau pendant cinq ans. Claude ADRIAN, futur Maître international, sera la premier Messin à obtenir une norme avant de gagner peu après le club de Nancy qui a pour ambition de construire un grand club. André EZRATTI, qui retrouve l’échiquier, est aussi constant dans sa présence à haut niveau.

En 1984, pour la première fois de l’histoire de tous les clubs lorrains, un cercle lorrain accède en Nationale 1 où évoluent les dix meilleurs clubs français. Le CEM finit 1er de la Nationale 2 en battant Clichy en match de départage. L’équipe est composée du Capitaine Bernard KIRSCH, de Wilfried SCHROT, André HOUILLON, Alain BANDINELLI, Patrick GOZILLON, Ivan COLLIN, Luis AZORIT, Alain LEHALLE, Félix NADAL et Claude ADRIAN qui arrête cette année là son ascension au plus haut sommet : à Alès en août, il est sacré Champion de France « accession classique ». Toujours à Alès, Bernard KIRSCH empoche les titres de Champion de Lorraine et Champion de France « accession ligue ». Paradoxalement, c’est le titre de Champion de Moselle qu’il aura le plus de mal à conquérir : l’issue heureuse se dégage à la suite de matches triangulaires épiques contre Claude ADRIAN et Ivan COLLIN. Trois Messins quasi équivalents.

Les résultats remarquables du club aiguisent des appétits : le tout frais Maître International anglais Glenn FLEAR, co-vainqueur de l’Open international de Metz, sollicité par plusieurs clubs allemands, signe finalement au CEM pour occuper le premier échiquier. Voilà un changement radical dans la stratégie sportive du club : avec ce premier engagement volontaire d’un joueur professionnel, le club choisit délibérément la course à l’excellence. De fait, les Messins de Fischer, emmenés par le MI Glenn FLEAR et le MI écossais Keith ARKELL, portent haut les couleurs messines pendant trois années consécutives. En 8èmes de finale de Coupe de France en 1984, ils battent le prestigieux club de Strasbourg, Champion de France pendant 6 années consécutives et emmené par les frères ROOS, multiples Champions de France individuels fédéraux ou universitaires. Ils sont à la 5ème place en 1985, à la 7ème au terme de la saison 1986/87. Cette place les condamne à la relégation.

Le club accueille en 1986 Christine LEROY, 18 ans, Championne de France 1985, qui deviendra Madame LEROY-FLEAR. Le club s’enrichit du MI anglais Malcolm PEIN, excellent pédagogue, et du MI anglais CONQUEST. Le palmarès obtenu cette année là ne connaîtra jamais de lendemain aussi prestigieux : norme de Grand-Maître pour Glenn FLEAR et de Maître international féminin pour Madame LEROY-FLEAR, Titre de Maître FIDE pour Claude ADRIAN, titre de Maître National pour Bernard KIRSCH qui finit co-vainqueur de l’Open international de Metz, Coupe de Moselle pour les jeunes, titre de Champion de Moselle pour ZAWADSKI, et deux sélections pour le Championnat de France : Claude ADRIAN et Bernard KIRSCH.

La relève est là : l’équipe SCHWEITZER, JOLY, HARTMANN, BOULANGER remporte la Coupe de Moselle.

En France, Clichy profite du trouble causé par Metz en N1 pour ramener le titre de Champion de France en région parisienne.

Ainsi, « Bobby FISCHER » attira ouvertement pendant plus de dix années de nombreux joueurs professionnels étrangers, des « mercenaires » parés de titres de Maître ou Grand Maître international. Ils confortèrent le club en Nationale 1. Mais ils finirent par en espérer plus de revenus que le club ne pouvait en offrir. Le nombre d’adhérents est stationnaire : soixante. Les ressources n’évoluent guère. Le ver est dans le fruit. Une nouvelle crise arrive pour raisons financières : on ne peut conserver tous ces talents et le club se résolut à se séparer de certains. On mit en première ligne les forces messines, moins expertes, qui n’évitèrent pas la relégation en Nationale 2 pour la saison 1986/1987.

Cependant, même en Nationale 2, il restait un « mercenaire » fidèle au club. L’équipe composée du célèbre MI suédois Jonny HECTOR, de Claude ADRIAN, 5ème du Championnat de France individuel, renforçant les messins Laurent JOLY, Wilfried SCHROT et André HOUILLON, et des Nancéens François CAPACES et Christophe GUENEAU, connut une remontée en N1 en 1988 et s’y exhibèrent encore en 1989.

Mais une descente aux enfers en Nationale 4 pour la saison 1989/90 fut la douloureuse décision stratégique à prendre pour éviter le naufrage financier. Les derniers mercenaires partis, place à la rigueur budgétaire.

Jean-Paul LAMPE prend courageusement la direction du club en 1990. Il ne renonce pas à une remontée en N3, à la N1 sur le long terme. Le siège est transféré au centre socioculturel de Vallières, où il siège toujours. Le club remonte en Nationale 3 en 1992.

Après un nouvel intérim à la présidence d’André EZRATTI, Dominique HARTMANN prend les rênes en octobre 1994. Il programme des cours pour adultes, crée « la semaine des échecs » : sept jours de compétition et d’animations diverses, débutant par un tournoi de blitz le 11 novembre, suivi d’une partie simultanée au centre Saint-Jacques due à l’initiative d’André EZRATTI. La semaine s’achève par des tournois ouverts à tous publics. Il ravive le journal interne, encourage les cours dans les écoles de Borny et Maizières, mais aussi à la maison d’arrêt de Metz-Queuleu. Il privilégie l’accueil des nouveaux joueurs dont les jeunes. Le club remonte en Nationale 2 en 1994, avant de redescendre en Nationale 3 pour la saison 1995/96. Le club compte 62 membres.

Anny LUPFER est portée à la présidence en 1998. En 2002, elle sera la seule femme en France à présider un club d’importance, fort de plus de 100 adhérents. L’environnement change vite et le temps joue contre le club : les échecs deviennent sport agréé en 2000, le cap fédéral des 45 000 licenciés est proche, plus de 700 clubs sont comptabilisés en France. Elle a l’idée d’un site Internet pour le club, mais aucun moyen pour lui donner vie. Dans cette attente, le club retrouve la Nationale 2 fin 2002, et emporte la Coupe de Moselle. Jésus CARRILLO, Champion de Moselle, cumule avec son titre de Champion de Lorraine, tandis que Christian ALEXANDER est Champion de Lorraine vétérans. Elle s’offre elle-même du reste le titre de Championne de Lorraine de parties rapides. C’est aussi l’année où les jeunes, qui comptent pour 50% des adhérents, éclosent : champions scolaires de Moselle, champions de Moselle par équipe de 4, vice-champions académiques par équipe de 8. Ils prennent aussi 8 places de champion ou vice-champion en individuel. 2002 fut prolifique : autant de titres égrenés comme un chapelet de fleurs afin de remercier Anny, après trois ans de présidence soucieuse.

L’histoire du club s’arrête ici aux portes du XXIème siècle : elle continue de s’écrire [2] avec en particulier l’accession au TOP 16, élite de la compétition interclubs. « Metz-Fischer » est ainsi avec le football et le hand-ball, un sport collectif au plus haut niveau.
Il vous revient à vous, aujourd’hui, de continuer à enrichir cette histoire.

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[1] Les niveaux d’alors, en compétition interclubs, sont, par ordre décroissant : « excellence », « honneur », « promotion », « première division », « énième division ».

[2] Notons, entre autres choses, qu’après plus de 10 ans d’absence, un bulletin du club a revu le jour en septembre 2005. Il demeure strictement informatif certes mais, avec une parution mensuelle, il est le garant d’une communication saine et durable. (D. S.)